Un, Deux, Trois.

Un, deux, trois coups.
Une, deux, trois balles.
Trois balles qui me transpercent le corps, qui m’arrachent la chaire, qui déposent mon cœur sur le sol avec une délicatesse infinie puis qui l’écrasent de toute leur puissance. La première perce un trou entre mes deux yeux, la seconde atteint le fond de ma gorge, la troisième enfin, achevé définitivement mon cœur déjà gisant sur le sol de l’éternité.

Un,deux,trois pavés.
Une,deux,trois branches.
Ces branches symbolisant la vie, sont maintenant par terre, immobiles, mortes. Je m’apparente à elle. Je n’avais jamais rien demandé,  » qu’à rester sur mon arbre et attendre la fin ». À la place, les vents violents de la tristesse m’ont déracinée de la terre qu’était ma quiétude. Je me sens vide de tout, abandonnée à mon triste sort, laissée pour compte des aléas de ma connerie. La première se pose sous ma nuque, la seconde clôt mes yeux, la troisième enfin, entame la construction du cercueil bancale qui m’abritera pour le restant de mes jours.

Un, deux, trois, hommes.
Une,deux, trois personnes. Elles portent chacune dans leurs bras les poids que j’ai du supporter durant mon existence. Maintenant je suis libre, mon corps est apaisé, mon esprit s’en est allé. Mon âme vagabonde ère sans trop savoir où aller. Même si elle souffrait en moi, maintenant elle se sent perdue. C’est bien là la preuve que chaque humain aime ressentir le déplaisir, jubile quand il pleure, jouit de ses larmes, s’extasie de son malheur. Le premier homme tient du bout des doigts le reste d’amour que mon cœur a expiré dans son dernier soupir. Plus les années ont passé, plus cet amour a diminué, il n’en reste que l’équivalent d’un dé à coudre. Un coup de vent, et il s’en va à jamais, trop pressén de s’éloigner de ce corps en putréfaction qui n’a jamais pu se vêtir d’aucun sentiment positif. Le second homme lui, traine à ses pieds ma grande solitude. Celle qui m’a mis des bâtons dans les roues, qui m’a contrainte et forcée à vivre ma vie ; toujours entourée de dizaine de gens mais pourtant mentalement isolée, toujours apparemment heureuse mais mentalement tiraillée entre le choix de la peste ou du choléra. Reste enfin ce troisième homme, qui en apparence ne porte rien. Mais en observant bien, on voit dans ses yeux la dernière lueur d’espoir qui a éclairé mon regard. Sur son visage s’étale ce sourire béa que j’arborais du matin au soir, celui-là même qui ne m’a jamais fait défaut. Plus bas, ses mains ouvertes au monde sont prêtés à lui rendre service n’importe quand. Voilà peut-être ce qui m’a maintenue en vie tout ce temps. Qu’importe les pensées noires qui ont élu domicile dans mon esprit jusqu’à m’en bourrer le crâne. Je n’ai jamais cessé, et je ne cesserai jamais même du fin fond de ma tombe, de croire que chacun aura un avenir meilleur tant que le brasier de l’espoir entretiendra son existence.

Un,
Deux,
Trois,
C’était mieux sans moi.

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